Monde 19/02/2011 à 00h00
La répression s’abat sur la rue arabe
Après une semaine de protestations à Bahreïn, au Yémen et en Libye, les régimes n’ont pas hésité à ouvrir le feu, vendredi, pour mettre un terme aux élans démocratiques.
Obsèques vendredi dans le village de Sitrade, à Bahreïn, de manifestants tués la veille à Manama. (© AFP Joseph Eid)
Les révoltes populaires contre les régimes autoritaires, et la répression qui s’en suit, se sont étendues vendredi à tout le monde arabe. Le président américain, Barack Obama, s’est déclaré «profondément inquiet» et a condamné le recours à la violence.
Bahreïn. Dans le petit royaume, vendredi soir, les forces de l’ordre ont à nouveau ouvert le feu sur des centaines de manifestants qui tentaient de se rendre sur la place de la Perle - rebaptisée Tahrir en référence à la place du Caire devenue le symbole de la révolte égyptienne -, dans la capitale, Manama. Des dizaines de personnes auraient été blessées, dont certaines grièvement. Selon des témoins cités par les agences de presse, plusieurs personnes ont notamment été touchées par les balles près de l’hôpital Salmaniya. Jeudi, déja, quatre manifestants qui participaient à un sit-in en faveur des réformes ont trouvé la mort lorsque la police militaire a tiré pour dégager la place. Des chars et des véhicules blindés de l’armée avaient aussitôt pris le contrôle de tous les points stratégiques du centre de Manama. Plus tôt dans la journée de vendredi, des milliers de chiites ont participé aux funérailles des quatre «martyrs» de la place de la Perle en scandant «Ni chiites ni sunnites, unité nationale». La majorité chiite de Bahreïn accuse notamment le gouvernement du cheikh Al-Khalifa de favoriser la minorité sunnite au pouvoir, tant en matière d’emplois, de logements que d’accès aux services sociaux. La marche de l’opposition, programmée pour samedi et qui devait converger vers la place de la Perle, a été reportée à mardi.
Yémen. Les forces de l’ordre yéménites ont répondu sans ménagement à la poursuite de la contestation, tuant six personnes vendredi. Ces décès ont porté à dix le nombre de morts en une semaine au Yémen. A Taez, au sud-ouest de la capitale Sanaa, une grenade a même été lâchée contre les manifestants. Bilan : deux morts et 27 blessés. «Nous avons vu une voiture de fonction s’approcher et lancer la grenade, avant que ses occupants tirent des coups de feu en l’air», a affirmé à l’AFP un témoin. A Aden, sur la côte, quatre personnes ont été tuées par balles vendredi. A Sanaa, où l’opposition réclame le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans, le pouvoir a choisi une autre tactique. C’est à coups de bâtons, de haches et de matraques que des partisans du régime ont attaqué manifestants proréformes et journalistes.
Libye. Au lendemain de la «journée de la colère», qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans tout le pays, la Libye a vécu une journée d’affrontements, vendredi. A Benghazi (à l’est de Tripoli), la deuxième ville du pays, ils étaient des milliers à suivre les obsèques de quatorze manifestants antirégime tués par balles, la veille, lors d’échauffourées avec les forces de l’ordre. Selon plusieurs témoignages, des bâtiments publics et des véhicules de police ont été incendiés. D’autres sources indiquaient que des militaires rejoignaient les rangs des manifestants. Des snipers étaient toujours disposés sur des toits de la ville. Vendredi soir, les forces de sécurité encerclaient Al-Bayda, troisième ville du pays située à 1 200 kilomètres à l’est de Tripoli, où au moins quatorze personnes ont été tuées depuis mardi. Des manifestants auraient attrapé et pendu deux policiers, selon le site internet du journal Oea. A Tripoli, quatre prisonniers ont été tués alors qu’ils tentaient de s’évader. Depuis mardi, au moins cinquante personnes seraient mortes lors d’affrontements qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur.
L'essentiel
Le contexte
A Bahreïn, au Yémen et en Libye, des manifestations ont été violemment réprimées vendredi, faisant plusieurs dizaines de victimes.
L'enjeu
L’ébullition se poursuit presque partout dans le monde arabe, où les régimes autoritaires refusent toute ouverture.
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