quarta-feira, 25 de maio de 2011

Porque se indignam os Espanhois?

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Pourquoi les Espagnols s'indignent

Le Point.fr- Publié le 25/05/2011 à 10:49 - Modifié le 25/05/2011 à 12:13

Depuis plusieurs jours, des dizaines de milliers de personnes occupent la place principale de Madrid. Rencontre.

    Pourquoi les Espagnols s'indignent
    Les jeunes Madrilènes insistent pour camper sur la Puerta del Sol et ne plus en bouger.© Pierre-Philippe Marcou / AFP
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    Tout a commencé par un "sit-in" improvisé par de jeunes Madrilènes, une initiative vaguement lancée via Facebook, qui s'est soldée le 15 mai par une intervention policière. Mais ces mêmes jeunes insistent, installent des tentes sur la Puerta del Sol, le centre névralgique de Madrid, pour y camper et ne plus en bouger. Ils s'autobaptisent les "Indignados", les Indignés. Indignés contre la précarité, les 5 millions de chômeurs, des hommes politiques "impuissants et corrompus" et "à genoux devant ceux qui réellement gouvernent, les banques et les marchés financiers". À l'origine, il s'agit d'attirer l'attention à la veille des municipales et des régionales partielles. Mais alors que le mouvement connaît une ampleur inespérée (environ 70 villes du pays), ces Indignés décident de rester, d'élaborer des propositions "pour changer les relations entre les citoyens et la politique". Ils ont promis de lever le camp dimanche 29 mai, mais veulent que le mouvement se pérennise à travers des assemblées de quartier.
    Fernando, 34 ans
    Ce guitariste de flamenco, originaire de Carthagène, s'est toujours fait appeler le "lièvre de Murcie". Il a roulé sa bosse un peu partout dans le pays, de Barcelone à Séville, et dit jouer aussi bien dans le métro que dans un cabaret ou un tablao pour touristes. De passage à Madrid depuis un mois, le campement de la Puerta del Sol lui a fait l'effet d'un coup de coeur. "Quand je suis arrivé ici, j'ai su que c'était l'endroit que je cherchais. J'en ai assez de ce système politique à deux partis, où les leaders et les programmes sont interchangeables. Le citoyen a été laissé de côté. Voilà pourquoi je campe ici." Fernando passe ses journées à égayer l'atmosphère en jouant et en chantant du flamenco. "C'est ma façon à moi d'aider, de mettre du baume au coeur à tous ceux qui, des journées entières, s'épuisent dans des assemblées."
    Juan Vicente, 18 ans
    Né à Madrid de parents péruviens, ce jeune étudiant dans un institut professionnel de commerce a pris fait et cause pour le mouvement des Indignés. Il vit avec sa mère à Alcorcon, dans la banlieue ouest de la capitale et c'est avec elle qu'il a intégré l'initiative populaire. Elle participe activement à la commission "féministe". Lui se démène au sein de la commission "migrations". Il porte un badge "papiers pour tous". "Moi-même, je suis fils d'immigrés, et je ne peux accepter la façon dont les autorités traitent les sans-papiers. Ici, nous exigeons la fermeture des camps de détention et la fin de la traque policière contre des clandestins jusque dans le métro ou sur les chantiers." Juan Vicente est conscient que l'Espagne ne peut absorber davantage de main-d'oeuvre, surtout avec un chômage atteignant 21 %, mais, dit-il, "on doit avant tout traiter les sans-papiers comme des êtres humains, pas comme des criminels".
    Maria Victoria, 56 ans
    Cette ancienne militante de gauche dit avoir été émue lorsqu'elle a pour la première fois rendu visite au campement de la Puerta del Sol. Depuis, même si elle habite un peu loin, elle y vient tous les jours pour discuter, échanger, écouter. Et aussi participer aux assemblées générales, celle de 13 heures ou celle de 18 heures, en fonction de ses disponibilités. Pour cette professeur de lettres dans le secondaire, "c'est un immense bonheur de constater que j'avais fait fausse route sur cette jeunesse. Je les croyais apathiques, incapables de se révolter et de se prendre en main. Et les voici qui donnent un exemple au reste de l'Europe !" Maria Victoria va jusqu'à lâcher, un sourire en coin : "J'ai connu cela, maintenant je peux mourir. Car pour cette génération soi-disant sacrifiée, précaire et condamnée, c'est la preuve collective que l'on peut toujours changer le cours des choses."

    José Maria, 28 ans
    Chimiste qualifié dans un laboratoire, il émarge à 1 000 euros mensuels jusqu'à la fin de l'année. Et ne sait pas si son contrat sera renouvelé en 2012. Une situation presque banale en Espagne, où les deux tiers des jeunes diplômés espagnols sont au chômage ou dans une situation de précarité. Pour José Maria, la crise et la paupérisation des classes moyennes sont dues à l'irresponsabilité des banques et des marchés financiers. "Il s'agit là bien sûr d'un monstre informe difficile à attaquer. Moi, je ne suis pas contre le système de manière générale. Je veux la justice, comme ont réussi à le faire les Islandais : si des banquiers ou des financiers ont fauté, alors ils méritent une sanction judiciaire." José Maria est convaincu que la situation est mûre pour un mouvement citoyen qui oblige les hommes politiques à assumer leurs responsabilités et à se montrer "sévères" et "inflexibles" face au pouvoir de l'argent. "Mais, pour cela, nous devons poursuivre ce mouvement au-delà de ce campement."

    Juan, 34 ans
    Artiste, sculpteur établi à son compte, il fait partie des premiers à avoir investi la Puerta del Sol. Depuis, ce Madrilène de naissance y campe, participe aux commissions (celles de l'art, du respect ou des infrastructures) et aux assemblées générales, avec assiduité. Entre 2004 et 2008, Juan vendait ses oeuvres à Ibiza, et la vie lui souriait. Mais lorsque la crise est advenue, les problèmes financiers se sont accumulés ; il a dû rentrer à Madrid chez ses parents. La semaine dernière, une amie lui a parlé des Indignés. "Je pensais à une initiative de ce genre depuis longtemps. On en parlait dans les bars avec mes amis. Et soudain, je l'ai vue se réaliser sous mes yeux. Fascinant ! " Juan parle de l'influence des révolutions arabes, et surtout de la place Tahrir, au Caire. Le grand Satan pour lui, c'est le pouvoir financier. Il a rédigé l'un des slogans affichés sur un bâtiment de la place : "Banquiers, si on ne vote pas pour vous, pourquoi devez-vous nous gouverner ?".

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